Dermatite
Contexte
La dermatite de contact est une maladie professionnelle fréquente. Il s’agit d’une réaction cutanée inflammatoire entraînant des douleurs ou des démangeaisons, qui ressemble à une éruption cutanée ou à une brûlure. Elle peut se développer sous une forme modérée, comme la sécheresse avec des rougeurs, des gerçures et des squames, ou sous une forme plus grave, comme une dermatite de type eczéma avec des enflures, des ampoules ou des crevasses. Elle touche généralement les mains, ce qui rend le travail douloureux.
Le Centre for Research Expertise in Occupational Disease (Centre d’expertise en recherche sur les maladies professionnelles, CREOD) a déclaré que seulement 62 % des patients atteints de dermatite de contact ayant consulté dans la clinique sur les maladies professionnelles de Toronto ont repris le travail 6 mois après l’évaluation de leur peau. Parmi les personnes ayant repris le travail, environ un tiers avait changé d’emploi en raison de ces problèmes cutanés.
Facteurs de risque professionnel
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- Travail en milieu humide* [2]
- Certains agents de nettoyage (savons, shampooing, détergents) [2]
- Solvants organiques [2]
- Stress chronique cutané mécanique et causé par des frottements [2]
- Liquides métallurgiques [2]
- Additifs du caoutchouc [2]
- Acides et alcalis [2]
- Isothiazolinone [3]
*Le travail en milieu humide est le principal facteur de risque pour la dermatite de contact professionnelle. Ce travail nécessite de se laver très régulièrement les mains (plus de 20 fois par quart), d’immerger les mains dans l’eau pendant plus de deux heures par quart ou de porter des gants pendant de longues périodes. L’exposition prolongée à un milieu humide perturbe la barrière cutanée naturelle, ce qui permet aux agents sensibilisants de pénétrer la peau plus facilement et de causer des allergies cutanées.
Principales conclusions
Le risque de développer une dermatite de contact le plus élevé a été observé chez les barbiers et les coiffeurs et chez les travailleurs employés dans l’usinage des métaux.
Barbiers et coiffeurs
Les coiffeurs sont particulièrement vulnérables au développement de la dermatite, car ils sont régulièrement exposés à un milieu humide et à des produits chimiques (p. ex., savons, shampooings, teintures, agents de nettoyage).
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- Coiffeurs et travailleurs assimilés : 1,48 fois le risque
Personnel infirmier
On a observé dans le SSMP, une diminution constante du risque de développer une dermatite parmi le personnel infirmier et les autres professions assimilées malgré qu’il s’agisse d’un groupe à haut risque avec une forte prévalence des cas de dermatite. Ceci peut s’expliquer par les mesures de prévention prises pour réduire l’exposition au latex de caoutchouc naturel et ses effets dans les pays occidentaux industrialisés. La mise en œuvre de mesures de prévention, comme l’utilisation de gants et de crèmes protectrices de la barrière cutanée lors d’activités en milieu humide et de solution hydro-alcoolique à la place du savon et de l’eau comme désinfectant, a été encouragée dans les milieux de soins de santé [4,5]. De plus, les professionnels de la santé peuvent ne pas demander de traitement pour la dermatite, choisissant de s’en occuper eux-mêmes jusqu’à ce que leur peau retrouve son état normal, et ne sont, par conséquent, pas consignés dans les données du SSMP [6]. Seuls les travailleurs de la catégorie « Autre personnel médical, autres techniciens de la santé et travailleurs assimilés, n.c.a. » présentaient un risque accru de développer une dermatite dans le SSMP.
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- Autre personnel médical, autres techniciens de la santé et travailleurs assimilés, n.c.a.* : 1,36 fois le risque
- Infirmières diplômées, à l’exception des surveillantes : 0,82 fois le risque
- Infirmières auxiliaires diplômées : 0,73 fois le risque
- Aides-infirmières et garçons de salle d’hôpital : 0.99 fois le risque
- Personnel spécialisé et auxiliaires des soins infirmiers et thérapeutiques n.c.a. : 0,90 fois le risque
*Ce groupe comprend les professions, non classées ailleurs, concernées par les activités en médecine et en santé, comme la conception, la fabrication, l’assemblage et l’installation de prothèses externes, l’utilisation de l’inhalothérapie, d’électroencéphalographes, d’équipement orthoptique, d’électrocardiographies et d’autre équipement hospitalier, le personnel chargé de la lutte contre les infections et de l’assistance aux professionnels de la santé dans les cliniques, les pharmacies, les morgues et les hôpitaux vétérinaires, la stérilisation et l’emballage des fournitures pour hôpitaux et l’aide à la préparation des menus pour les régimes alimentaires spéciaux.
Travailleurs de l’industrie des aliments et boissons
Les manipulateurs d’aliments doivent se laver les mains fréquemment et porter des gants pour prévenir la propagation de maladies d’origine alimentaire. Ils s’occupent également du nettoyage de l’équipement et des surfaces de préparation des aliments à l’aide de divers produits de nettoyage et détergents, ce qui pourrait augmenter le risque de développer une dermatite de contact. Les travailleurs de l’industrie des aliments et boissons et les professions de manœuvre peuvent aussi présenter un risque accru de développer une dermatite de contact en raison de l’exposition aux traumatismes chroniques mécaniques et causés par des frottements associés à un travail en milieu humide.
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- Manoeuvres et travailleurs assimilés de l’industrie des aliments et boissons : 1,20 fois le risque
- Travailleurs de l’industrie des aliments et boissons, et travailleurs assimilés, n.c.a. : 1,15 fois le risque
- Travailleurs spécialisés dans la préparation des aliments et boissons et les services connexes : 1,05 fois le risque
- Industries des aliments et boissons : 1,11 fois le risque
Peintres
Les peintres peuvent être exposés à une variété de peintures et d’enduits qui pourraient être des facteurs de risque de la dermatite de contact. Les isothiazolinones, qui sont utilisés comme biocides dans les peintures, peuvent causer des dermatites de contact allergiques [3].
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- Peintres et décorateurs d’articles manufacturés : 1,29 fois le risque
Professions liées à l’usinage des métaux et à la fabrication et au montage des produits métalliques
L’exposition aux traumatismes chroniques mécaniques et causés par des frottements et l’exposition à des solvants, à de l’huile, à des fluides métallurgiques, et à des agents de chloration, sont des facteurs de risque importants de la dermatite de contact pour ces travailleurs [7,8].
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- Usineurs de métaux : 1,27 fois le risque
- Contremaîtres d’usineurs de métaux : 1,89 fois le risque
- Machinistes et réguliers de machines-outils : 1,30 fois le risque
- Façonneurs et formeurs de métal, à l’exception des usineurs : 1,07 fois le risque
- Conducteurs de machines à emboutir les métaux, n.c.a. : 1,14 fois le risque
- Travailleurs spécialisés dans la fabrication et le montage de produits métalliques, n.c.a. : 1,15 fois le risque
- Travailleurs spécialisés dans la fabrication et le montage de véhicules automobiles, n.c.a. : 1,22 fois le risque
- Usineurs de métaux : 1,27 fois le risque
Risque relatif par industrie et par emploi
Figure 1. Risque de diagnostic de dermatite chez les travailleurs employés dans chaque groupe d’industries par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016
Figure 2. Risque de diagnostic de dermatite chez les travailleurs employés dans chaque groupe professionnel par rapport à tous les autres, Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP), 1999-2016
Tableau des résultats
Tableau 1. Surveillance de la dermatite : Nombre de cas, nombre de travailleurs employés, et rapports de risque dans chaque groupe d’industries
Code CTI* | Groupe d’industries | Nombre de cas | Nombre de travailleurs employés | Rapport de risque, HR (95% IC) † |
1 | Agriculture | 252 | 10 055 | 0,75 (0,66-0,85) |
2/3 | Forêts, pêche et piégeage | 43 | 2 125 | 0,64 (0,47-0,86) |
4 | Mines (y compris broyage), carrières et puits de pétrole |
101 | 4 037 | 0,81 (0,67-0,99) |
5 | Industries manufacturières | 5 282 | 146 924 | 1,08 (1,04-1,11) |
6 | Construction | 1 589 | 61 003 | 0,83 (0,79-0,87) |
7 | Transports, communications et autres services publics |
1 911 | 58 775 | 0,99 (0,94-1,04) |
8 | Commerce | 4 374 | 129 880 | 0,96 (0,93-0,99) |
9 | Finances, assurances et affaires immobilières |
212 | 6 584 | 0,91 (0,80-1,04) |
10 | Services socio-culturels, commerciaux et personnels |
7 203 | 187 038 | 1,03 (1,00-1,06) |
11 | Administration publique et défense |
1 973 | 53 619 | 1,04 (0,99-1,09) |
* CTI : Classification type des industries (1970) | ||||
† Risque de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres |
Tableau 2. Surveillance de la dermatite : Nombre de cas, nombre de travailleurs employés, et rapports de risque dans chaque groupe de professions
Code CCDP* | Groupe professionnel | Nombre de cas | Nombre de travailleurs employés | Rapport de risque, HR (95% IC) † |
11 | Directeurs, administrateurs et personnel assimilé |
501 | 12 953 | 1,04 (0,95-1,14) |
21 | Travailleurs des sciences naturelles, techniques et mathématiques |
319 | 8 742 | 1,10 (0,99-1,23) |
23 | Travailleurs spécialisés des sciences sociales et secteurs connexes |
506 | 11 409 | 1,10 (1,01-1,20) |
25 | Membres du clergé et assimilés | — | — | — |
27 | Enseignants et personnel assimilé | 777 | 17 376 | 1,11 (1,04-1,20) |
31 | Personnel médical, techniciens de la santé et travailleurs assimilés |
1 664 | 43492 | 0,90 (0,85-0,95) |
33 | Professionnels des domaines artistique et littéraire et personnel assimilé |
246 | 5 966 | 1,16 (1,02-1,31) |
41 | Personnel administratif et travailleurs assimilés |
2 180 | 56 458 | 1,03 (0,99-1,08) |
51 | Travailleurs spécialisés dans la vente | 1 927 | 54 051 | 0,96 (0,91-1,00) |
61 | Travailleurs spécialisés dans les services | 4 077 | 106 970 | 1,04 (1,01-1,08) |
71 | Agriculteurs, horticulteurs et éleveurs | 424 | 15 454 | 0,83 (0,76-0,92) |
73 | Pêcheurs, trappeurs et travailleurs assimilés |
6 | 156 | 1,24 (0,55-2,75) |
75 | Travailleurs forestiers et bûcherons | 47 | 1 869 | 0,79 (0,59-1,05) |
77 | Mineurs, carriers, foreurs de puits et travailleurs assimilés |
55 | 2 344 | 0,77 (0,59-1,00) |
81 | Travailleurs des industries de transformation (minéraux, métaux, chimiques) |
754 | 21 037 | 1,05 (0,98-1,13) |
82 | Travailleurs des industries de transformation (aliments, bois, textiles) |
1 026 | 27 287 | 1,06 (0,99-1,12) |
83 | Usineurs et travailleurs des secteurs connexes |
1 568 | 45 586 | 1,06 (1,01-1,12) |
85 | Travailleurs spécialisés dans la fabrication, le montage et la réparation |
2 673 | 76 210 | 1,06 (1,02-1,11) |
87 | Travailleurs du bâtiment | 1 577 | 59 331 | 0,86 (0,81-0,90) |
91 | Personnel d’exploitation des transports | 1 533 | 51 591 | 0,93 (0,88-0,98) |
93 | Manutentionnaires et travailleurs assimilés, non classés ailleurs |
1 355 | 39 663 | 1,04 (0,98-1,10) |
95 | Autres ouvriers qualifiés et conducteurs de machines |
198 | 5 858 | 1,00 (0,87-1,15) |
99 | Travailleurs non classés ailleurs | 1 957 | 58 101 | 1,01 (0,96-1,06) |
* CCDP: Classification canadienne descriptive des professions (1971) | ||||
† Risque de développer la maladie dans un groupe donné par rapport à tous les autres |
Veuillez noter que nos résultats peuvent différer de celles que nous avons publiés ou présentés. Cela peut être attribuer aux définitions que nous utilisons pour identifier les cas, aux approches méthodologiques et le suivi en cours de la cohort dans le système de surveillance.
Références
- Holness DL. Workers with Occupational Contact Dermatitis: Work Outcomes and Return to Work Process in the First Six Months following Diagnosis. J Allergy. 2011;2011:1–4. (En anglais seulement)
- Holness DL. Occupational skin allergies: Testing and treatment (the case of occupational allergic contact dermatitis). Curr Allergy Asthma Rep. 2014;14(2). (En anglais seulement)
- Herman A, Aerts O, de Montjoye L, Tromme I, Goossens A, Baeck M. Isothiazolinone derivatives and allergic contact dermatitis: a review and update. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2019;33(2):267–76. (En anglais seulement)
- Soltanipoor M, Kezic S, Sluiter JK, Rustemeyer T. The effectiveness of a skin care program for the prevention of contact dermatitis in health care workers (the Healthy Hands Project): Study protocol for a cluster randomized controlled trial. Trials. 2017;18(1):92. (En anglais seulement)
- Kampf G, Löffler H. Prevention of irritant contact dermatitis among health care workers by using evidence-based hand hygiene practices: A review. Ind Health. 2007;45(5):645–52. (En anglais seulement)
- Nurmohamed S, Bodley T, Thompson A, Holness DL. Health care utilization characteristics in patch test patients. Dermatitis. 2014;25(5):268–72.
- Behroozy A, Keegel TG. Wet-work exposure: A main risk factor for occupational hand dermatitis. Saf Health Work. 2014;5(4):175–80.
- Semple S, Graham M, Cowie H, Cherrie JW. The causative factors of dermatitis among workers exposed to metalworking fluids. UK Health and Safety Executive, 2007.